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Le devoir: dégager les routes de manière plus responsable

Updated: Dec 22, 2021

par Annabelle Caillou, Jan 8, 2018


Conscientes de l'impact environnemental négatif des sels de voirie, utilisés pour déglacer les routes en hiver, les municipalités du Québec se tournent de plus en plus vers des méthodes alternatives pour sécuriser les trottoirs et les routes sans endommager la faune et la flore. et le milieu aquatique.

Après le jus de betterave, le sirop de maïs ou encore le sable, plusieurs municipalités du Québec répandront des copeaux de bois imbibés de chlorure de magnésium sur leurs routes cet hiver. Une alternative au sel de déglaçage, considéré comme une «substance toxique» en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement.


Le produit, fabriqué pendant deux mois par la société Technologies EMC3, basée à Joliette, s'inspire d'une initiative de la Suisse, qui depuis huit ans utilise déjà des copeaux de bois sur ses trottoirs, pistes cyclables et routes comme antidérapant. «C'est un produit 100% biodégradable qui a un pH neutre donc avec moins de risque de polluer les cours d'eau. Et ce n'est pas comme si on pouvait manquer de copeaux de bois au Québec », assure le président de l'entreprise, André Prévost. Cet hiver, le produit sera testé dans plusieurs villes de la province.


Les commandes sont sur le point d'être livrées à Rosemère, près de Montréal, ou à Granby, en Montérégie. Des particuliers ont également passé des commandes, et M. Prévost compte se rapprocher des quincailleries pour faire adopter son produit par un plus grand nombre de personnes. Cette technique sera également testée au cours des prochaines semaines sur la piste cyclable du pont Jacques-Cartier, qui relie Montréal à sa rive sud.


Fermée en hiver car jugée trop dangereuse pour les usagers, la piste fera l'objet d'un projet pilote cette année pour tester différentes méthodes de déneigement et de déglaçage. «Actuellement, nous avons identifié au moins quatre produits à essayer, y compris des tapis chauffants et des copeaux de bois, mais nous avons encore d'autres types de dégivreurs sous forme liquide ou granulaire contenant moins de chlorure de sodium que ceux du marché. », explique Cathy Beauséjour, conseillère en communications pour Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée.



Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Les copeaux de bois couvriraient jusqu'à quatre fois plus de surface que les sels de voirie et dureraient plus longtemps.


Le chlorure de sodium contenu dans le sel de déglaçage a tendance à endommager la structure métallique du pont. Même sur les routes traditionnelles, on constate que le sel perd ses propriétés de dégivrage à environ -15 ° Celsius en plus de s'accumuler dans les sols et les puits d'eau potable lorsque la neige fond. «Le sel a un impact sévère sur la flore. On ne peut le voir qu'autour des autoroutes, où la végétation n'est vraiment pas en bon état à cause des flux ou abrasifs appliqués sur les routes », note Marc Olivier, chimiste spécialisé en environnement à l'Université de Sherbrooke. Contrairement au sel, les copeaux de bois n'atteignent pas la nappe phréatique et n'endommagent ni le béton ni l'acier des ponts, souligne André Prévost. D'une longueur de 5 à 20 millimètres, les petits morceaux de bois s'enfoncent dans la neige et peuvent durer 6 jours, et jusqu'à une température de -30 ° Celsius, grâce au chlorure de magnésium dans lequel ils sont trempés, assure M. Prévost. En Suisse, une fois l'hiver passé, les copeaux de bois sont collectés sous forme de compost, utilisé pour chauffer les habitations l'hiver suivant. Tout en reconnaissant que son produit coûte plus cher que le sel, M. Prévost estime que, pour la même quantité vendue, les copeaux de bois couvriront jusqu'à quatre fois la superficie des sels de voirie et dureront. Plus long. "Sans parler des économies qui pourraient être réalisées en déneigeant moins les trottoirs, par exemple, puisqu'elle peut être utilisée sans problème sur neige tassée, comme abrasif plutôt que comme fondant", précise M. Prévost. De son côté, Mélanie Deslongchamps, directrice de l'Association pour la protection de l'environnement du lac Saint-Charles et des marais du Nord (APEL), s'interroge sur l'efficacité des copeaux de bois. «Comme d'autres abrasifs tels que le gravier et les petites roches, on le trouve souvent sur le bord des routes [après avoir passé des voitures]. " L'organisme est de plus en plus préoccupé par l'impact des méthodes de déglaçage en vigueur dans la province. Dans la région de Québec, l'APEL a observé des niveaux importants de salinité dans l'eau des lacs et rivières, dont le lac Saint-Charles, qui est la principale source d'eau potable pour les habitants du Québec. De plus, de nombreuses espèces aquatiques ne peuvent pas survivre dans l'eau salée et sont donc en danger. En décembre dernier, l'organisation a donné pour la première fois une formation de sensibilisation à près d'une trentaine d'entrepreneurs de l'industrie du déneigement. «Mais ils remplissent simplement leur mandat. C'est avec les municipalités, les politiciens et les ministères qu'il faut agir directement », estime Mme Deslongchamps.


Et les écoroutes? À son avis, les méthodes alternatives utilisées dans toute la province n'ont «pas fait de miracles». «La plupart des produits contiennent un minimum de sel, du jus de betterave également en plus du sucre qui aura également un impact sur la qualité de l'eau», note Mme Deslongchamps. La solution consiste plutôt à changer le comportement des citoyens. Elle donne à titre d'exemple les écoroutes hivernales, sur lesquelles des abrasifs sont principalement répandus plutôt que des flux qui peuvent contenir du sel. Il y en a une quinzaine dans la province. Cependant, ils sont principalement situés dans les zones rurales où la vitesse est limitée à 90 km / h ou moins, car ce type d'abrasif oblige les automobilistes à conduire beaucoup plus lentement. «Cela ne peut pas fonctionner sur les autoroutes», regrette Mme Deslongchamps.


Le chimiste Marc Olivier est également favorable à ces «routes blanches». «À l'époque des voitures tirées par des chevaux, nous écrasions la neige au lieu de l'enlever. C'est lorsque nous avons décidé que nous étions une société moderne avec des voitures qui avaient besoin de plus d'espace de stationnement que nous avons décidé de déneiger et de répandre du sel partout. "



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